
Plage des Eaux-Vives : La prise en otage (anti-démocratique) du WWF
Tout le monde se congratule, le Conseil d’Etat a trouvé un terrain d’entente avec le WWF et un nouveau projet de la plage des Eaux-Vives sera présenté en juin. Suite au gain de son recours contre le projet initial, jugement d’ailleurs rendu dans un délai inacceptable par le TAPI genevois (recours de fin 2010 jugement de première instance fin-juin 2013), le WWF a pu contraindre le Conseil d’Etat à accepter ses « modalités » pour un nouveau projet – et tout le monde il est content. Vraiment ? Pas du tout – car cette prise en otage de projets publics par des associations est problématique. Certaines associations ont en Suisse un droit de recours dans certaines procédures administratives. La légitimité de cette qualité pour agir se discute à certains égards – mais si, sur un tel recours, un projet ne respecte pas la loi, il est en principe juste que la justice le constate. Lorsque, en revanche, l’association qui exerce ce recours utilise son pouvoir de nuisance pour imposer ses vues sur ledit projet, alors il y a dévoiement du processus juridique et démocratique. Car la loi n’impose nullement la lagune et la roselière qu’il a fallu que le Conseil d’Etat concède au WWF pour qu’il accepte le projet, c’est-à-dire ne s’y oppose plus par le droit de recours qui lui est ouvert. Or le WWF, aussi respectable et nécessaire soit-il parfois, n’a aucune légitimité démocratique ni aucune représentativité sociale. Ce sont des gens par définition partiaux et possédés par leurs propres vues. Et un projet public ne doit pas être l’otage de ceux qui veulent imposer leurs vues sur le bien ou le mal sociétal en cause, ici écologique.
Ce n’est donc pas à Françoise Chappaz ou à Sylvia Leuenberger, ou à Pierre, Paul ou Jacques, même au nom de la poignée de membres de comité ayant décidé de faire recours, de décider ce qui est bien ou souhaitable pour l’ensemble de la population. Le WWF s’opposait au remblai, par principe ? Le nouveau projet qu’il accepte n’a pas de moindre emprise et ces lagune et roselière, qui leur donnent sûrement la satisfaction du devoir accompli et de leur apport à l’humanité, n’ont aucun sens à cet endroit – sinon de garantir moustiques, guano et puces de canard aux baigneurs qui fréquenteront la plage. Et cela a fortiori que même l’ASL estimait sur la base d’une étude que le projet initial n’avait qu’un faible impact environnemental notamment sur la biodiversité. Historiquement, il a fallu des associations, groupes d’action et ONG pour faire respecter certaines vues de la société civile contre les dérives qui peuvent aussi affecter l’Etat. Et il est dans la tradition consensuelle suisse de tenter d’entendre et d’accommoder toutes les préoccupations. C’est à certains égards précieux. Mais pour autant que cela soit compatible avec le processus démocratique et que cela ne permette pas de telles prises d’otage au nom des desiderata doctrinaires de l’un ou l’autre. Tout ça pour ça ainsi : cinq ans de perdu au moins, avec l’honorable complicité du TAPI, pour un étang qui n’a au fond aucune importance et quelques roseaux ridicules qui ont autant de sens dans une rade urbaine que de réintroduire le lynx à Central Park. Quelques roseaux ridicules qui ont de fait pris le projet en otage cinq ans. Merci le WWF.