
Presse : Le rédacteur en chef de Closer assassiné ! et des amis pour sauver Le Temps ?
Bon ben un peu de presse aujourd’hui et Hollande avait dit qu’il serait un président normal. Il l’est définitivement selon les principes de la Vème République puisqu’il a une copine. Et si, Machiavel étant en demande dans la politique actuelle déstabilisée par la dictature du quotidien et de l’immédiateté médiatique, c’était une diversion pour faire oublier les réels problèmes et mesures drastiques et impopulaires à prendre ? On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, le dommage collatéral de Valérie n’est rien eu égard à l’enjeu de sa chute de popularité et des réels défis, et avoir une maîtresse (de plus) rend toujours sympathique parce que rassurant de normalité dans l’opinion. Et en plus elle a l’air sympa. Mais cette transgression de la doctrine Pompidou par la presse mènera tôt ou tard à l’assassinat du rédacteur en chef de Closer ou autre papier de toilette. Parce que c’est inhumain. Justifier ce qui n’est rien d’autre qu’une suppression de la sphère privée au motif qu’une personne est célèbre, est un politicien, que cela intéresse de fait le public et concerne donc les électeurs, et que la demande pour ces « infos » le démontre ou le valide, ne peut pas tenir. Cette absence de protection de la chambre à coucher, cette négation du dernier espace de liberté, de calme, d’intimité, de confidence, est une forme de torture qui en poussera certains à bout. Et une personne à bout peut aller jusqu’au suicide ou au crime lorsque l’Etat et la justice laissent porter atteinte à un intérêt aussi éminemment intime et émotionnel que la sphère personnelle qui est, in fine, un droit de l’homme.
Il est ahurissant et paradoxal ainsi que la presse puisse publier sans remède autre que monétaire des informations que l’Etat ou des entreprises ne peuvent recueillir et conserver en application du droit sur la protection des données. Il n’y a aucune justification juridique, institutionnelle, politique, philosophique à ce qu’un homme public, un élu même, n’ait pas une sphère personnelle absolue et intouchable. Il en va d’autant plus que les condamnations financières de ces torchons et la publication d’un rectificatif ne sont qu’un pis-aller qui ne les gêne nullement. Et sachant que la dérive va jusqu’à News of the World ce qui n’est pas seulement un crime mais une atteinte à la démocratie.
Le Temps maintenant, excellent quotidien genevois, pourrait être sauvé par un club d’amis. Le Temps est un journal qui doit être préservé – parce que possédant une vraie rédaction, une qualité rédactionnelle, une réflexion propre, là où le journalisme devient de plus en plus une reprise et circulation de faits et dépêches sans recul ni traitement de fond. Grave donc que ses deux actionnaires de la branche veuillent s’en désengager. Rassurant que l’Agefi ait renoncé – opérant clairement dans une ligue inférieure qualitativement. Mais des « amis » ? Inquiétant également. Il est sympathique que des « amis » se mobilisent, c’est mieux que sa disparition bien sûr, mais c’est inquiétant tout de même car hors d’une réelle logique économique et industrielle. C’est presque hélas le début de la fin. Ah que c’est bête que nos marchés soient si régionaux et si petits – alors qu’ils sont économiquement et culturellement si performants. A l’heure à laquelle tournent une foison de magazines de luxe dégoulinant de montres, spas et voitures au contenu sans intérêt, il est grave et presque incompréhensible qu’un quotidien d’aussi bonne facture soit en péril quant à son modèle économique. Mais il ne suffit effectivement pas de le dire… Longue vie au Temps – espérons.