Bon, un peu de rigolade ce soir – on en a bien besoin dans ce fichu métier. Square one, les avocats, et leurs maîtres-coqs, sont morts de peur : la blockchain, l’intelligence artificielle, le cloud, les robots, bref toutes ces technologies hérétiques vont nous concurrencer, nous brutaliser ou, pire, nous remplacer ! Haro sur le baudet, même ou à plus forte raison qu’on don’t know shit about it : tout ceci viole assurément nos chevaleresques et séculaires obligations d’indépendance et de secret. Pensez, un nuage, des robots ! Horreur malheur et damnation ! Laissons-là les Bernardo Gui du Barreau et plus sérieusement. Le secret et l’indépendance peuvent être sauvegardés par les technologies nouvelles. Ils le sont d’ailleurs à raison d’autres textes que les nôtres, et sont des notions évolutives, non figées. Les LegalTech sont des solutions logicielles, locales ou en ligne, qui améliorent nos services ou en automatisent des tâches à faible valeur ajoutée. Puis viendront des solutions qui indexeront et permettront un accès plus rapide au savoir, aux faits, à des textes. Elles seront plus « intelligentes » dans le sens de moteurs de recherche améliorés, et améliorant leurs performances en fonction de ce qui leur est demandé et de ce qu’ils trouvent. Mais rien de plus. Les vrais robots qui répondront à notre place à des questions contextuelles, ce n’est pas pour demain : ils ne savent même pas skier [1]. Mais certains adoptent la singulière démarche inverse : singer un robot !
Ainsi PwC, qui tente désespérément de « transforming legal services » [2] via une machine (que font le Conseil et la Commission du Barreau !) : PartnerVine, que présente tout de même une jolie rousse, jamais un gros type. Wow, un « legal document engine » qui va « cut the cost and effort involved in drafting reliable legal documents » On saliverait presque ! Surprise, les documents sont vendus par… des Etudes d’avocats. Cliquez dessus : pour 69,64 francs, on achète, via un panier comme sur Cooponline, une déclaration d’acceptation d’élection et spécimen de signature membre CA (SA) rédigée par mll (non sans y ajouter plusieurs pages de bla-bla explicatif indigeste qui tue la démarche – et d’exclusion de responsabilité, on sait jamais). Bref, quant à nous simplifier la vie, ou celle du client, on repassera. Et puis, si cent clients téléchargent ce truc, cela fera glorieusement 6’964.-. Mais où sont les robots dans tout ça !?! Cliquez sur la vidéo [3] et un Knowhow Lawyer (si si, c’est son nom) vous expliquera tout. La voix monocorde, le regard dans le vide, le corps figé. Ya qu’à comparer avec Sophia [4]. Sérieusement les gars, avant même de parler d’AI, la vidéo, lire un prompteur, c’est un job, ça s’appelle de la prod, ça existe depuis longtemps et ça s’apprend. Mais ça, les avocats, y savent définitivement pas faire. C’est bien connu. Allez, atchaobonsoir et merci pour le bon moment. On est pas encore foutus.