Quelques nouvelles du ciel : Drones, micro- et nano-drones, et faux chasseur stealth iranien

Posté le 21 avril, 2013 dans actu / news

A peine croyable au 21ème siècle. Pendant que la Suisse se tâte sans fin sur l’inutile Gripen, l’Iran a fait annonce du développement d’un chasseur stealth « Qaher-313 ». Soit un avion de combat moderne dénué de signature radar et donc indétectable. Or cette annonce a ébahi les spécialistes : c’est une vague maquette en fibre de verre dont les formes ne sont certainement pas « stealth », le pare-brise est en polymère de vélomoteur, et il n’y a de la place ni pour un moteur que les iraniens ne possèdent pas, ni pour les instruments, et le pilote étant voué à finir rapidement en kebab si moteur il y avait vu la forme de l’avion. Mais il a déjà sa page Wikipedia ! Au-delà de cette mascarade technique l’aspect politique : comme cette annonce n’avait aucune chance d’être prise au sérieux par le monde occidental et les ennemis de l’Iran, il ne s’agit que d’un stunt de propagande politique interne. Aussi effarant qu’il y paraisse, il y a encore des pays dans le monde où les gouvernants en sont toujours à utiliser de telles mises en scène à des fins de propagande interne. Le seul problème est qu’en cas de conflit cet avion ne les aidera pas beaucoup – face aux réels chasseurs occidentaux de septième génération. Au plan juridique, de telles mascarades ne sont possibles que parce que l’Etat de droit n’est pas réalisé, qu’il n’y a pas de réel contre-pouvoir, notamment pas de presse et d’opposition libres, ni de liberté d’expression des militaires et scientifiques iraniens qui pourraient la dénoncer. Au plan des drones, la guerre n’est décidément plus ce qu’elle était non plus avec maintenant les micro- et nano-drones.

Après les drones eux-mêmes, véritables aéronefs capables de surveillance difficilement détectable ou de frappes ciblées à des milliers de kilomètres sans engagement physique et donc risque de pertes humaines, les micro-drones. Les drones posent de nouveaux problèmes de définition internationale de leur mise en oeuvre. De manière paradoxale sinon ironique, l’administration Obama souhaite désormais des règles internationales dès lors que d’autres nations maitrisent cette technologie – alors que même au plan interne, leurs conditions d’engagement sont classifiées et relèvent de la CIA et non du Pentagone. Les drones ont constitué une révolution en termes militaires puisqu’ils permettent une surveillance ou des frappes chez l’ennemi qui n’étaient précédemment possibles qu’avec le mise en oeuvre de militaires – et donc l’arbitrage entre les objectifs et les risques de pertes. A suivre – mais avec l’évolution de la micro-électronique et informatique, les micro-drones constituent l’étape suivante. Pas d’armement ni de frappes mais de nouvelles capacités d’espionnage de très près et très difficiles à détecter et contrer. Les Etats-Unis ont fait un appel d’offres (!) pour des nano-drones devant tenir dans la main et capables de vol stationnaire en extérieur comme en intérieur au titre de tactical intelligence. C’est-à-dire d’espionnage et d’appui en live lors de la mise en oeuvre d’autres opérations. Les israéliens ont développé un micro-drone simulant le vol d’un insecte ressemblant à une grosse libellule. Silencieux et presque indétectable.

Au moins ceux-là ne tueront pas même s’ils seront en appui d’opérations – mais se pose déjà la question de leur engagement dans la vie civile et commerciale. Surveiller licitement des travaux ou ouvrages d’art, le trafic, des animaux, un éboulement ou une opération de sauvetage. Surveiller plus ou moins licitement une manifestation, des travailleurs en service ou des dealers travaillant tranquillement en pleine ville en plein jour. Ou espionner au hasard une audience judiciaire à huis-clos, le conseil des rémunérations de Novartis, une séance du Conseil fédéral, de l’ASB, d’un parti gouvernemental ou du Conseil des ministres français sur l’échange d’informations, le conseil d’administration de Facebook ou de Goldman Sachs avant une acquisition, une bunga bunga de Berlusconi autour de sa piscine, ou tout simplement sa voisine qui fait son bronzage intégral autour de sa piscine. Il y a déjà dans le commerce des drones pilotables par Ipad avec caméra mais ils font encore 40 centimètres de diamètre. Là encore la technologie militaire pourrait bien trouver rapidement des applications civiles licites et illicites. Finalement, Mme Spoerri était probablement une vraie précurseuse (sic – sur ge.ch/égalité) lorsqu’elle avait demandé au DMF de lui prêter un drone pour identifier des incendiaires de 26 voitures à Genève en 2004.

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