Le dingue qui à Genève avait fait Versoix-Vésenaz en 8 minutes 30 à moto vient d’être condamné à dix-huit mois fermes [1]de prison. Dingue ayant suscité à la fois la réprobation pour son comportement irresponsable et une mise en danger élevée de la vie d’autrui, et une part d’admiration pour sa dextérité au guidon, et de rigolade pour la tête qu’ont dû faire les automobilistes et piétons bien-pensants à le voir débouler et les enrhumer. Sur les blogs de motards la division : l’admiration pour les rebelles du bitume et la réprobation de ceux qui considéraient que cela nuisait à tous. A vrai dire c’était assez BD ou Hollywood comme run. Mais tout de suite quiconque connaissant le coin a bien vu que la date ne collait pas – par les bâtiments et les modèles de voitures. Pas de prescription donc et titiller la police comme ça avec des milliers de vues sur Internet, c’était inévitablement leur coller un défi – et se faire attraper à peine quinze jours plus tard. Dix-huit mois fermes c’est moins drôle que l’aspect rigolard du truc qui ne l’était pas non plus dans le for intérieur de ce gars. Et c’est le prix. Le droit, la morale et l’honneur de la police sont saufs. Mais la vidéo [2] est toujours sur Internet. Pourquoi pas puisqu’apparaît désormais sur Google avec son lien qu’il… est au trou.
Les constructeurs automobiles se la jouent vert mais n’en croyez rien. Ils visent l’attrait et le profit et cela passe toujours par les clichés et la puissance soit un comportement anti-écologique. Toutes les normes de réductions d’émissions leur ont été imposées, notamment celles de 130 grammes de CO2 par kilomètre [3] qui entrera en vigueur en 2015, comme la classification de dépense énergétique. Un exemple du message ambigu ? BMW comparait dans sa publicité deux moteurs de 1983 et 2010. 115 chevaux pour 7,8 litres au cent en 1983 (524td), 245 chevaux pour 6,8 litres au cent en 2010 (530d). Conclusion : je consomme un litre de moins en 2010 avec deux fois plus de puissance. Ma voiture, quant à elle, a pris du poids : 1790 kilos contre 1300. Le juste message aurait été de produire en 2010 non une voiture de 245 chevaux consommant 6,8 litres au cent – mais une voiture de 115 chevaux comme en 1983 consommant 3,2 litres au cent. L’avenir de la réduction de gaz à effets de serre est là et dans l’échelle de cette économie : des véhicules n’ayant pas de 250% de puissance inutile et réduisant drastiquement la consommation en termes absolus et non relatifs.
Le fabricant de voitures électriques de luxe américain Fisker est au bord de la faillite [4]. Y a-t-il un sens de tenter de produire de puissantes voitures de luxe électriques ? Ecologiquement non. Mais cela montre que la voiture électrique peut ne pas être moche et rudimentaire comme la plupart des prototypes des développeurs écolo-idéalistes. Chaque tentative est en fin de compte un laboratoire qui fait avancer ces technologies – lesquelles en ont besoin en termes d’autonomie, de fiabilité et de bilan écologique du processus de fabrication et de recyclage/élimination des batteries. Les grandes marques ont le même message ambigu : elles développent en hybride des modèles de pointe de plusieurs tonnes et centaines de chevaux qui affichent une consommation de 10 litres au cent. C’est mieux que 20 en thermique – mais la démarche est fausse puisqu’il vaudrait mieux viser 5 en moteur thermique que 10 en hybride avec 250% de puissance inutilisable. Cela affecte des budgets de recherche à cette technologie – mais est-ce à nouveau un bien ? Probablement pas car c’est la voiture électrique qui est elle-même un non-sens écologique [5]. Si l’électricité est fabriquée avec de l’énergie fossile, le rendement de la transformation de cette énergie en électricité pour faire avancer une voiture est largement inférieur à celui de cette même voiture en thermique. A l’échelle planétaire, l’électricité d’origine renouvelable ne sera pas disponible pour faire avancer le parc automobile avant très longtemps. La seule bonne nouvelle est donc qu’il y a une importante marge de réduction des émissions à aller chercher dans la réduction de poids, de la consommation et de la puissance inutile des véhicules thermiques. Le reste n’est que rêverie, ce qui est bien, ou message commercial délibérément ambigu, ce qui l’est moins.