This Young Bar is brought to you by… et pourquoi pas les avocats sur Groupon alors ?

Posté le 8 février, 2012 dans avocats / advocacy

Ainsi le (meilleur) Jeune Barreau (du Monde – selon lui) est-il sponsorisé ! – comme un vulgaire événement sportif ou culturel. Récup et mercantilisme quand vous nous tenez. Et pour gagner trois francs six sous. Les deux annonceurs du concours de ski des avocats genevois sont sûrement très contents. Ils ont ainsi – à bien bon marché – un petit accès privilégié aux forces vives et montantes d’une profession importante en termes de poids économique et de réseautage. Mais cet étiquetage est regrettable. Parmi les prestations fondamentales que vend l’avocat, il y a son indépendance. Certes un membre du Jeune Barreau peut plaider contre un de ces annonceurs. Mais il est gênant pour une profession dont l’indépendance est à la fois une prestation et une condition d’exercice de s’afficher organiquement avec des annonceurs commerciaux dont le but de l’opération est pour eux strictement commercial, et de se mettre dans un rapport d’obligations avec eux. L’indépendance de l’avocat n’est pas une vieillerie déontologique ou sur le départ. C’est un pilier de la profession (cf. et cf.) dans le passé comme dans le futur, un trademark de l’avocat et l’un de ses atouts premiers dans un monde dont la politique et la finance par exemple souffrent constamment de problèmes de conflits d’intérêts, d’influences, de connivences et de compromissions. L’Ordre des avocats, a fortiori qu’il est riche, n’a pas besoin de se vendre et de mettre ainsi en péril cette notion d’indépendance ou même simplement son image d’indépendance. Il doit rester unlabelled, labelless, ne montrer aucune accointance avec des acteurs de l’économie, pas même pour l’occasion privée et festive du concours de ski. Cela dit et dans un autre registre, l’avocat peut aux Etats-Unis offrir des services à prix discount sur Groupon. Est-ce choquant ? Eléments de réflexion.

Groupon vous connaissez – le business  model consiste à offrir en ligne des coupons comme les bons vieux coupons de réduction en papier. Les commerçants font un rabais et donnent un pourcentage à Groupon contre le chiffre d’affaires qu’il leur apporte. La pizzeria est pleine ce qui doit en théorie compenser le rabais et la commission et tout le monde est content. Modèle économique parfait de la Net economy, entrée en bourse pour une capitalisation en milliards alors que ce n’est que du service. Même s’il y a eu de nombreux problèmes et commerçants et clients déchantant. Eh bien le New York Bar a rendu une décision déontologique selon laquelle les avocats peuvent aussi offrir des actions discount sur Groupon. Hérésie ? Manque de dignité ? Mercantilisme sordide ? Selon le New York Bar, un « deal of the day » sur Groupon obéit aux règles ordinaires en matière de publicité. Et doit ainsi comme elle ne pas être trompeur et poser clairement ses termes économiques et que le mandat ne sera accepté qu’après vérification des conflits d’intérêts et de la capacité de l’avocat à remplir un mandat donné. Pourquoi serait-ce choquant en effet dès lors que l’avocat peut faire de la publicité et fixe librement ses tarifs, ce qui inclut de faire des rabais (ce que tous les avocats font régulièrement) voire de travailler pro bono. Quid toutefois de la commission payée à Groupon – puisque les avocats n’ont pas le droit de payer des commissions d’apporteur d’affaires ? Pour le New York Bar c’est un coût publicitaire pour un service publicitaire, donc pas de problème. Intéressant. A qui le premier ?

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