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Tout avance : L’inculpation de militaires chinois par les USA pour espionnage et les limites de panem et circenses même au Brésil

Deux événements dont la portée dépasse la couverture qui leur a été donnée cette semaine. Le Département de la Justice américain a décidé d’inculper des militaires chinois pour des actes d’espionnage économique au détriment de sociétés américaines. Première réaction – qui fut précisément celle des chinois : fort de café de la part de ceux qui opèrent la NSA et la surveillance tous azimuts sur les réseaux. Peut-être – mais là n’est pas ce qui importe. Ce qui est nouveau est la dénonciation judiciaire d’actes d’espionnage opérés par une unité spécialisée de l’armée chinoise. Que les chinois s’offusquent ou répondent par la dérision n’est pas important non plus. Les incidents en matière de renseignement trouvent en général des règlements ou ont des conséquences au plan diplomatique ou des services de renseignements eux-mêmes. L’affaire de la NSA, comme d’autres précédemment, a fait resurgir et re-débattre que ces activités de renseignements sont pour partie hors du droit et contraires aux droits fondamentaux. Les citoyens des Etats de droit sont relativement d’accord que l’Etat espionne pour prévenir le terrorisme et garantir la sécurité intérieure. Ils le sont de moins en moins d’être eux-mêmes espionnés même sous ce prétexte. Le débat de fond des prochaines années, que ce blog a déjà évoqué, sera de savoir s’il y a toujours de la place, finalement, pour une activité de renseignements située hors des procédures judiciaires et violant les droits fondamentaux. Le fait que la réponse puisse être négative ne signifie pas affaiblir l’Etat – mais re-situer toute une activité de défense dans une sphère transparente et acceptable.

In fine l’argument que ces mécanismes devraient se situer hors du droit pour être efficaces ne fait évidemment pas long feu. En plaçant la mise en cause de ces espions militaires chinois sur la table du droit commun, le DoJ fait une chose très bien – mais qui va paradoxalement dans ce sens de la fin du caractère secret des services… secrets. Panem et circenses ensuite. Les protestations au Brésil contre la Coupe du Monde de football ne sont pas du même ordre que celles contre les chantiers du Qatar et leurs esclaves asiatiques. Elles émanent des pauvres contre les ressources colossales affectées à un événement éphémère. Ces mouvements touchent aux limites de la doctrine antique de la FIFA selon laquelle le sport ne fait pas de politique, unie et pacifie les peuples, et se situe hors des autres (et basses) considérations socio-économico-politiques. Bref, le panem et circenses – donnez-les leur et ils seront tranquilles, pendant ce temps notre tiroir caisse fonctionne et notre influence prospère. Les pauvres russes n’ont pas manifesté contre les Jeux pharaoniques de Poutine alors que la Russie est pourtant dans une mauvaise posture économique. L’honneur national qu’ils incarnaient prenait le pas sur toute autre considération ou complainte. Plus au Brésil. Ce ce sont plus donc que quelques poignées de réfractaires dogmatiques qui dénoncent ces excès – mais les pauvres du pays eux-mêmes. Leur conscience politique a pris le pas sur le ballon rond et son redoutable angélisme.