
Tout va mieux ! Grâce à l’Etat de droit
Pour une des dernières notes avant la fin de l’année l’envie de dire que tout va mieux ! Et de dire pourquoi. Nombreux et permanents sont les grincheux qui pleurnichent sur le temps présent. Tout était mieux avant, les légumes étaient meilleurs et sans produits chimiques, l’air était plus pur, l’économie était plus saine, les bailleurs et les patrons étaient plus honnêtes, le pouvoir d’achat était supérieur, la santé meilleure qu’avec tous ces médicaments, nous n’étions pas tous manipulés par des gouvernements visant des objectifs secrets, les inégalités étaient moindres, etc. Or tout cela, toutes les affirmations de ce type sont radicalement fausses. Elles sont dommageables car elles induisent de fausses perceptions, biaisent les débats de société et minent injustement le moral de ceux qui y croient ou les entonnent. Pourtant, le fameux pouvoir d’achat a crû de manière constante et doublé en termes réels depuis les années cinquante. La protection sociale et vieillesse n’a jamais dans l’histoire de l’humanité été aussi élevée. La durée de vie n’a jamais non plus été aussi élevée et les progrès de la médecine, même s’ils ont un coût, sont extraordinaires. La protection des travailleurs, des locataires, de la personnalité, de l’environnement, de la santé : meilleure. La sécurité routière active et passive : infiniment meilleure. Une voiture de 2009 pollue beaucoup moins qu’une voiture de 1979 en étant plusieurs fois plus sûre. En matière environnementale, les progrès sont aussi spectaculaires, avec des objectifs concrets. Avec en prime l’optimisme et les attentes d’une marge de progression encore importante. Et la liste est longue mais exemplaire.
Au plan de l’Etat, au hasard, plus d’Etat fouineur ni de fiches, mais une solide protection des données. Une protection des consommateurs aujourd’hui adulte et doublée du droit de la concurrence. La démocratie a progressé dans tous les compartiments avec l’avènement de la société de l’information, comme la liberté d’expression. Internet a permis une incroyable accélération de la propagation du savoir et des valeurs de libertés. La crise économique et systémique de 2008 a été maîtrisée comme aucune de cette ampleur auparavant. Les inégalités sont moindres aujourd’hui qu’au 17ème ou même qu’à l’époque de Victor Hugo. Quant à la sécurité, l’homme n’a jamais été autant en sécurité et protégé qu’actuellement. Les conflits armés sont de plus en plus maîtrisés, par l’avènement d’un ordre juridique et institutionnel international. Le citoyen n’a jamais eu non plus autant de droits au plan administratif ni de voies pour les faire valoir. Et je pourrai continuer ainsi sur des pages et des pages. La société actuelle comporte les défauts de ses qualités. La pollution, le stress, la sédentarité, la dépendance à l’électronique et de nombreux autres. L’idée n’est pas d’en dresser un portrait angélique mais de comprendre que sur une base globale, tout va fondamentalement mieux – et non l’inverse.
Pourquoi cette difficulté à le réaliser et à l’accepter, cette gêne voire honte à admettre que tout va mieux ? Qu’y a-t-il de mal à ne pas se lamenter sur le passé mais à honorer le présent et ses acquis ? Avons-nous perdu notre âme et nos valeurs humaines dans ces évolutions ? Pas le moins du monde. Comprendre que tout va mieux est aussi comprendre que c’est très largement grâce à l’Etat de droit. Que c’est grâce au travail des trois pouvoirs, à commencer par le législateur. Certes, la politique est faite d’équilibres et de combats, de résistances et de frustrations. Mais les résultats sont là. Les grincheux rétorqueront que sans tel ou tel politicien, ou tel ou tel parti, cela aurait été mieux et plus vite. Mais probablement pas car la politique nécessite l’altérité et la contradiction. Pour progresser comme pour accepter. La réalité est que grâce à la démocratie, le débat politique est possible, ouvert et réel. Qui a dit pour le surplus que tout devrait être facile, qu’il ne devrait plus y avoir ni crises, ni faillites, ni conflits, ni défaillances ? Que tout devrait pour autant être parfait ? Personne.
Le travail de la justice, sa liberté, son indépendance, mais aussi sa qualité et sa dotation budgétaire, sont également essentiels à tous les progrès décrits. Le droit et son respect, son exécution forcée, l’Etat de droit au sens large, en sont une pierre angulaire.
Ce qui précède est naturellement davantage vrai pour la Suisse ou des Etats démocratiques modernes que pour d’autres Etats moins favorisés. Mais ces progrès se propagent partout où l’Etat de droit s’affirme, dans la mesure des moyens économiques également. Même sur une base de village global, globalement, tout va mieux – presque partout.
[…] réfutable, pas très précis, vite épuisé. Et tout ne va de loin pas moins bien – mais mieux dans mille domaines. La réalité demeure que, sans savoir vraiment comment y remédier, cette […]