Cannabis bar, en anglais, cela peut vouloir dire snack au cannabis. Comme une barre aux céréales. Or il s’agit ici d’un Barreau d’avocats du cannabis. Kesako ? Encore une californiennerie ? Leur nom NCBA [1] fait plutôt penser à une fédération sportive. Mais non non, c’est très sérieux. La légalisation au niveau de certains Etats, mais pas au niveau fédéral, de certains usages ou commerces liés au cannabis, rend la situation complexe juridiquement. Certaines choses sont permises – mais pas d’autres. Il y avait des lobbies militant pour la dépénalisation depuis des décennies, comme NORML [2]. Pour naviguer dans un environnement juridiquement complexe et dont certains aspects mènent encore en prison, des avocats ont désormais constitué un Barreau dédié à cette substance. Leur but : aider commerçants et consommateurs à s’en sortir et à ne pas violer la loi – plutôt que de devoir se défendre au pénal. La demande est, parait-il, telle, que même des Etudes d’avocats généralistes et non-militantes s’y mettent. Mais les avocats ont depuis longtemps été parmi les partisans de la dépénalisation : ils vivent au quotidien l’absurdité, et le coût personnel et sociétal, d’être emprisonné pour des crimes ou délits non-violents liés au cannabis. Désormais certains ont franchi un pas de plus lié à la dépénalisation partielle : créer une spécialité – qui va aider le justiciable. A voir leurs bobines, cela n’a pas l’air de dingues, junkies ou ex-hippies. Et… les affaires sont les affaires. Silk Road, pour sa part, était l’ancien bazar du deep dark web où s’achetaient drogues, armes, tueurs à gages et autres joyeusetés – dont le fondateur va aller croupir la fin de ses jours [3] en prison.
Or cette condamnation très sévère, assortie de considérations très dures et morales du monde officiel envers un monde qui se voulait officieux, n’a pas fait que des heureux. De nombreuses personnes ont regretté la sentence et l’ont qualifiée d’injuste, mais la juge l’ayant rendue a aussi été menacée de mort sur la toile. Un commentaire pourtant frappe : c’était un site révolutionnaire qui permettait d’acheter plus facilement et de manière plus sûre des substances illicites. Il n’y a pas de droit à acheter des substances illicites – mais le faire dans de meilleures conditions en termes de sécurité n’est pas inintéressant. Cela rejoint l’un des arguments qui milite depuis toujours en faveur de la distribution officielle : ne pas être à la merci de coupages toxiques, des surdoses liées aux concentrations imprévisibles, et du risque sanitaire en général de produits confectionnés clandestinement. Ne pas les acheter dans des ruelles sombres à des dealers de bas de l’échelle était aussi un plus. Silk Road était-il ainsi sur le chemin d’une légitimisation par la voie libertaire mais commerciale tout de même ? Nul doute que cela sera étudié – et que le Phénix renaîtra sous une forme ou sous une autre. Dans toute activité humaine, lorsque la demande est là, l’offre l’est aussi. Dès lors que la guerre contre les drogues est perdue et impossible à gagner, tout ce qui peut contribuer à diminuer risques et conséquences vaut la peine d’être examiné. Même un site libertaire clandestin.