
Vive les grandes polémiques : Le jugement allemand sur la circoncision pour rappeler que les hommes n’ont pas le droit d’en mutiler d’autres au nom d’un Dieu qui n’existe pas
Les grandes polémiques sont éternelles – et salutaires. Ainsi le jugement allemand de Cologne du 26 juin de dire le droit, soit que selon la loi, républicaine, laïque, dûment adoptée et édictée, circoncire est mutiler, que c’est porter atteinte à l’intégrité corporelle, modifier l’état naturel de l’homme – et donc interdit. C’est tellement juste que les protestations religieuses sur le sujet ont une immense utilité : réaffirmer les valeurs et leur préséance de l’Etat laïc. Circoncire c’est mutiler. Point. C’est la loi et la physiologie qui le disent. Avoir le droit de le faire au nom de la liberté religieuse ? Qui a dit qu’il fallait circoncire ? Dieu ? Mais qui n’existe pas. Des hommes voulant avoir ou prétendant exercer un ascendant sur d’autres hommes au nom d’un Dieu et dans l’enrobage d’une liturgie comportant cette mutilation ? Sûrement. Ah c’est ça la religion ? Et donc avoir le droit de mutiler, oui mutiler, un pauvre enfant de quelques jours qui n’est pas la propriété de ses parents, qui a le droit à son intégrité corporelle from day one, qui aura le droit d’être athée, Bouddhiste, végétarien, tatoué, homosexuel, footballeur, pianiste, rabbin, imam ou tout ce qu’il voudra. Chaque jugement de ce type vient donc rappeler ce qu’est la laïcité de l’Etat, soit qu’elle comporte que l’Etat ne soit pas mis en œuvre, n’agisse pas selon une doctrine religieuse qui opprimerait (par définition) les autres, mais aussi la liberté de croyance de tout un chacun. Celle-ci est absolue – dans son for intérieur – mais avec une seule et simple limite : la loi – de la République.
Le pouvoir politique s’émeut de ce que l’Allemagne ferait cavalier seul sur ce point – et de dire qu’il faudrait très vite adopter une loi permettant la circoncision religieuse. C’est une réaction politique précisément – là où les tribunaux n’ont pas à en faire ni ne sont guidés par des considérations électoralistes. Mais si le législatif change la loi, dont acte. Il le peut, dans la limite de la constitutionnalité, et au-delà de la réaction émotive des politiques, un tel débat au parlement promet d’être animé – vu précisément les valeurs auxquelles il touche. Restent les médecins qui regrettent ce jugement car allant entraîner des circoncisions clandestines – et donc sanitairement dangereuses. Cet argument ne tient pas. C’est peut-être une conséquence mais pas une raison de ne pas faire appliquer le droit. Ceux qui pratiqueront illégalement la circoncision commettront un délit. Ils doivent s’en abstenir car Dieu n’a pas davantage dit qu’il fallait violer la loi de son pays. Reste le tourisme soit d’aller faire circoncire le malheureux bébé dans un autre pays. Pas dit que les considérations de for pénal empêchent nécessairement de poursuivre au lieu de domicile. Mais la variation du droit d’un pays à l’autre et la libre circulation sont une donnée du monde actuel. C’est inévitable – mais là n’est pas la question non plus. Ce qui compte est que par le jugement de Cologne la justice allemande ait fait avancer le débat – dans la bonne direction.