
VW VA PAYER ET C’EST BIEN FAIT ? PAS SI VITE !
Le monde s’est déchaîné et VW doit et va payer. Pour nos voitures qui ne valent plus rien d’occasion. Pour la tromperie du marché. Pour la pollution qui s’est répandue de la sorte et l’atteinte à l’environnement, à la santé, à la moralité et plus encore. Et ce sera bien fait pour eux. Tout le monde il est fâché : particuliers, écolos, politiques, avocats des automobilistes, etc. Plaintes pénales (on voit au demeurant bien mal ce qu’un procureur genevois pourra faire tout seul depuis Genève sur la plainte d’un particulier déposée avec fifres et tambours) ou collectives ici ou là, 14, 30 ou même 78 milliards d’amendes et pénalités. VW paiera – mais ne fera pas faillite pour autant, dit-on toutefois de suite, vu la part d’actionnariat étatique et sa taille systémique « too big to fail ». VW sera donc bailed out s’il le faut. Puis, cette semaine, le retour de balancier. Des démissions sont intervenues, l’enquête sera longue, d’autres constructeurs tricheraient aussi, les tests étatiques ne seraient pas fiables et les valeurs de pollution et de consommation systémiquement différentes dans la réalité qu’annoncé. Bref le problème soulevé par ce programme destiné à une tricherie précise est bien plus vaste et complexe que de prime abord – comme souvent. Mais finalement l’honneur sera sauf car VW paiera – ce qui semble satisfaire tout le monde et à vocation rédemptrice. Ah oui ?
Eh bien pas si vite. VW paiera – mais qui paiera ? Les fautifs ? Sûrement pas. L’entreprise fautive ? Oui – mais. In fine, comme dans le cas des banques américaines qui ont payé plus de cent milliards d’amendes et pénalités, ou BP près de 50 milliards, ce sont les actionnaires qui trinquent par la déperdition de valeur directement induite par ses fautes, et les actionnaires, c’est vous et moi. Directement ou par nos fonds de pensions. Donc nos retraites qui trinquent quand VW ou Citigroup trichent. Et vous et moi à nouveau, soit le contribuable, si l’Etat doit sauver l’entreprise sanctionnée. L’Etat encaisse alors d’une main les amendes et pénalités censées compenser la société pour les fautes et dommages subis, mais la sauve de l’autre pour préserver les emplois si elle capote pour cela et est d’importance systémique. Dans le système capitaliste, le problème du type de sanctions à même de prévenir des fautes portant atteinte au bien commun ou individuel, et des personnes qu’elles doivent viser, n’est donc pas résolu. Dans le cas des banques américaines, elles ont été sanctionnées pénalement en tant que personnes morales. Le management fautif ne l’a quasiment jamais été ni même n’a perdu son poste. Des poursuites pénales des individus fautifs sont possibles et probablement souhaitables – pour des raisons usuelles de sanction et de prévention. Mais elles ne répareront jamais le dommage. Comme pour la pollution atmosphérique, la solution reste à trouver.