Il suffit qu’un sujet devienne porteur ou qu’il représente un péril pour son fonds de commerce pour que tout le monde s’en réclame. Et ainsi les banques, par magie, de toutes se prétendre maintenant vertes. Telle banque privée dit dans sa pub qu’elle est « sustainable » depuis 200 ans. Formule évidemment fausse au point d’être ridicule. Julius Baer, UBS, les banques cantonales, toutes s’engagent à être elles-mêmes vertes à des degrés divers, et à investir dans le renouvelable. Et Patrick Odier d’abonder hier encore dans Le Temps sur ce qu’il faut attendre de la COP 26, chronique in fine self-serving et pour « Sustainable Finance Geneva ». Or tout ceci est du bankwashing éhonté. Ce n’est ni plus ni moins ce que Shell fait en allouant davantage à son budget marketing que ce qu’elle investit dans les énergies renouvelables.
Une partie des banques créent des fonds dans les énergies nouvelles ou dans les industries préservant l’environnement. Ou étudient et proposent de tels placements à leurs clients. Ceci est bien. Mais c’est insuffisant à un point tel que de s’en vanter est trompeur et déceptif, sinon carrément malhonnête. Si l’on prend au hasard n’importe lesquels des portefeuilles de clients de ces banques en gestion discrétionnaire dans presque n’importe quel profil de risque, il y aura du fossile, du plastique, de la grande distribution, de la chimie et autres horreurs écologiques, voire même des armes. La part du renouvelable au sens large y sera marginale. Or pour parvenir à ne serait-ce que respecter l’accord de Paris, les sommes à investir dans le renouvelable devraient être des milliers de fois supérieures. De fait, depuis l’accord de Paris, contrairement à leurs engagements, les investissements des trente-trois plus grandes banques du monde dans le fossile sont passés de 610 à 650 milliards par an.
Tout ceci est-il la faute des banques – qui doivent rechercher du gain sur les marchés pour leurs clients ? Tant que les rendements des industries conventionnelles sont encore supérieurs au renouvelable ? Et tant que les États ne font pas ce qu’il faut pour accélérer la transition – peu important le moyen pour le faire ? La réponse première est non… mais. Le lobby des banques et de la finance ne soutient politiquement aucune avancée écologique, mais régulièrement le contraire. Et les banques et la finance ne sont pas le moteur d’un changement réel par l’investissement – quand elles ne demeurent pas un véritable enabler du réchauffement climatique et de la destruction de la bio-diversité (cf. Barclays ici et ici). Alors, tout ce qu’on vous demande, à défaut d’agir réellement, c’est d’arrêter de bankwasher. Camenbert, les banques.