Ce blog l’a souvent écrit, la justice suisse est affligée de biais systémiques. C’est particulièrement le cas en matière fiscale, dans les litiges qui impliquent des banques, des multinationales. Chaque juge s’en défendra certainement, mais la leçon d’humilité vient, à un tout autre niveau d’intensité mais de la même manière, des auditions de confirmation par le Sénat du juge Garland au poste d’Attorney General (ministre de la justice). A la question, piège en tant que telle et dans l’état de sensibilité des Etats-Unis au problème, de savoir quelle était la différence entre être raciste et un racisme institutionnel, il a (magnifiquement) répondu ceci : « Implicit bias just means that every human being has biases. That’s part of what it means to be a human being, and the point of examining our implicit biases is to bring our conscious mind up to our unconscious mind and to know when we’re behaving in a stereotyped way. Everybody has stereotypes. It’s not possible to go through life without working through stereotypes. And implicit biases are the ones that we don’t recognize [in] our behavior. That doesn’t make you racist, no. »
Les biais systémiques doivent être débusqués, exposés, éliminés. Ils minent l’institution judiciaire, l’administration, l’État, parce qu’ils défavorisent des catégories de justiciables, de citoyens, avec la perversité de cette invisibilité et du déni du biais. Et par la perversité du réflexe de défense, individuelle et par corps, de celui qui en est accusé. La réponse de Garland a ceci de magnifique, d’humanité, qu’elle admet cet état général des choses, qu’elle comporte un état de conscience au problème qui fait précisément défaut à celui qui en est affecté. Nous pensons-là à nos juges et fonctionnaires suisses ou américains, mais, songeant à un juge japonais, chinois ou même russe ou turc, le biais systémique nous apparait comme une évidence. Alors pourquoi pas chez nous ? Oui, précisément aussi chez nous. Comment le dire, comment le résoudre, comment le faire réaliser ? Et à ceux qui sont parfois les moins enclins à se (re)mettre en question – la fonction engonçant dans les certitudes ? C’est une autre paire de manches. Mais comme le veut le dicton, the first step in solving any problem is recognizing there is one.