Football et transferts : Toujours le marché aux chevaux

Posté le 24 mai, 2010 dans droit / law

Interview dans l’Hebdo récemment de Ottmar Hitzfeld, entraîneur mythique s’il en est. Il parle entres autres de Frank Ribéry, meilleur joueur de Bundesliga cette année-là (bien d’accord), qu’il avait repéré et « acheté ». Oui, « acheté ». Sic. En 2010 les joueurs de foot s’achètent toujours, comme des chevaux ou des esclaves. Certes, contrairement aux chevaux et aux esclaves, ils touchent un salaire et mirifique s’ils sont des stars. Le problème demeure qu’ils « s’achètent », que les clubs continuent à se payer des indemnités de transfert en marge du droit et notamment du droit du travail. En 2010 un footballeur professionnel n’est toujours pas maître de sa carrière, de son activité professionnelle, il n’est toujours pas libre de ses choix comme tout travailleur. Les instances du football ont bien règlementé certains des aspects les plus choquants, notamment celui des transferts internationaux de joueurs mineurs, habillé la première étape du premier transfert professionnel en indemnité de formation, et mis un peu d’ordre dans l’activité d’agent de joueur – qui était le large lieu des flux d’argent occultes ou illicites en marge des transferts. Pourtant, trente-cinq ans après l’arrêt Perroud (ATF 102 II 211) pour la Suisse, et quinze après l’arrêt Bosman de la CJCE pour l’UE, les footballeurs s’achètent toujours comme des chevaux. Deux personnes morales, deux clubs de football, se versent une indemnité pour se vendre, s’échanger, se transférer un joueur de football – qui ne demeure autre qu’un travailleur. Le président de l’UEFA, Platini, trouve cela absurde, ou plutôt le montant de certains transferts – mais sa candeur est touchante… Si Nestlé vendait son CFO à Novartis pour 80 millions, et ne le laissait pas partir à défaut, ou décidait au contraire de le vendre à Vodafone ou à Fiat, avec entre-eux un agent touchant à Dieu sait quel titre 10% du montant du transfert, tout le monde sauterait au plafond et il y a belle lurette que les tribunaux et le législateur y auraient mis de l’ordre. Visiblement pas en football.

une réponse à “ Football et transferts : Toujours le marché aux chevaux ”

  1. […] des clubs suisses – sans suites judiciaires sérieuses. Allez, trente-six ans après l’arrêt Perroud est toujours lettre morte, ce monde déployant une activité strictement commerciale ne paie que des impôts symboliques, le […]

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