GUERRE EN UKRAINE (OU AILLEURS) : DÉSERTER ?

Posté le 10 juillet, 2022 dans actu / news

La question demeure-t-elle taboue ? Elle n’est en tout cas jamais abordée dans les nouvelles ou dans le débat relatif à la guerre. Elle n’est pourtant pas nouvelle – de tout temps certains n’ont pas voulu aller perdre la vie, ou l’ôter, en obéissant à d’autres. Des millions d’Ukrainiens dont en âge de combattre ont préféré l’exil à la mort. Les russes envoyés au front, des gamins de 18 à 25 ans, à qui Poutine a menti sur leur mission et sur le fait que des conscrits ne combattraient pas, viennent de régions périphériques pauvres. L’armée et la nation y sont le seul repère social, le seul alibi de fierté à une existence post-soviétique misérable. Le seul revenu aussi. Alimentés aux mensonges de la télévision d’État, sans réelle fenêtre sur le monde libre, leur libre arbitre (et plus encore celui de leurs parents) est différent de celui des citoyens des villes dans lesquels Poutine ne tape précisément pas. Impossible pour eux de se rebeller contre une guerre absurde. Les généraux morts au combat venaient également de ces contrées rurales parce que, même avec le revenu qu’elle procure, la carrière militaire n’attire plus depuis longtemps dans les villes – une des explications du rassurant délabrement de l’armée russe. Mais l’envie d’aller combattre et mourir n’y est pas pour autant. Alors, déserter ?

Pas facile même pour celui qui ne souhaite ardemment pas mourir. Sans aucun endroit où aller, sans argent ni rien ni famille ailleurs. Pourtant eux seraient de vrais réfugiés dans le monde libre. Mais ne le savent probablement pas – et comment y arriver, au monde libre ? Et c’est ne plus jamais pouvoir rentrer chez soi, ou en tout cas des décennies, ni sans s’exposer à des poursuites pénales militaires, des années de prison sinon la peine capitale. Et à la honte. Se constituer prisonnier, avec la détention que cela implique et la honte également de retour à la maison – un jour ? La vérité est que ces gosses sont de la chair à canon sans aucune issue. C’est triste, déprimant, dépassé. Et il y a peu de solutions – sinon casser juridiquement l’obligation, l’obligation de servir, d’obéir, pour détruire, tuer, envahir. De créer le cadre juridique qui permette aux peuples et aux principaux intéressés, les soldats, de refuser de suivre les ordres de décideurs de conflits qui, eux, ne risquent rien. Je rêve ? Probablement. Mais créer ce cadre et l’interdiction de la conscription dans les systèmes de droit international, et que le temps en fasse des normes fondamentales, il faut en rêver. Puis il faudra le faire.

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