Au commencement Internet était gratuit, libre, libertaire. Le capitalisme s’y est engouffré – ce qui est bien normal. La gratuité initiale et d’apparence généreuse s’est maintenue par la collecte de données devenues une valeur exploitable. Ce qui donne un capitalisme de surveillance n’ayant été ni prévu, ni contenu. Comme la lumière, le progrès se fait cependant parfois. Et en l’occurrence grâce à l’Union Européenne – et non aux États-Unis où la Silicon Valley l’a toujours empêché.
Le RGPD s’est tout d’abord traduit par un message obligatoire d’information de l’internaute sur les cookies et autres usages des données collectées. Cela était perçu comme irritant – mais était un progrès. Puis, ce qui a pris son temps, l’utilisateur s’est vu offrir le choix de les accepter ou de les refuser. Ce qui a fait resurgir la question du prix de ces données pour celui à qui elles sont prises, sur laquelle les législateurs ne se sont pas encore entendus, et celle du prix des services consommés.
Certains sites refusent maintenant leurs services, ou l’entier de ceux-ci, aux internautes qui refusent les cookies. D’autres demandent de les accepter en expliquant que cela finance leurs services, et donc leur gratuité. D’autres sont devenus, ou deviendront payants, pour ceux qui refusent les cookies, offrant ainsi ce choix.
Grâce à l’UE et au RGDP, même si cela a pris son temps et plusieurs étapes, le consommateur-utilisateur d’Internet voit ses droits un peu mieux protégés, et ses données en voie de monétisation. Il est un progrès de réglementer l’exploitation commerciale des données collectées de chacun – collecte qui n’est pas un mal en soi si elle est encadrée. Il sera un autre gros et délicat chantier de cadrer maintenant l’usage de ces données sous l’angle de la surveillance inédite et inouïe qu’elles permettent.