
Postures et sclérose du débat politique français : La lamentable censure de Vincent Peillon sur la libéralisation du cannabis
Peu de monde en Suisse a envie de voler au secours de Vincent Peillon. Sa mission d’information parlementaire co-signée avec l’ineffable Montebourg il y a une dizaine d’années sur le secret bancaire était méthodologiquement et politiquement biaisée. Cette étude et ce débat étaient – déjà – légitimes – mais la démarche scientifiquement et intellectuellement déficiente, avec à la clé des conclusions déshonnêtes altérées par des appréhensions fausses. Mais le débat est le débat – et il est sacré. Aujourd’hui Peillon se fait tomber dessus de partout pour avoir dit que le débat sur la dépénalisation du cannabis se justifiait. La droit fustige l’amateurisme et l’absence de cohésion du gouvernement. A gauche Hollande serait fâché. La droite y voit l’absence de contrôle d’Ayrault sur son gouvernement. Copé « somme » ridiculement Hollande de prendre position et Valls de reprendre la main dans son costume de ministre de l’intérieur en réaffirmant la guerre contre la drogue. Et bref cette position exprimée en démocratie en pleine liberté d’expression d’être rabaissée au rang d’accident, d’errement. Lamentable spectacle donc du monde politique – où tout n’est décidément que posture, exploitation politicienne et buzz. Comment, alors que des centaines d’études scientifiques, politiques, sociologiques du plus haut sérieux, cautionnées ou commanditées par l’Etat ou dans des organismes d’Etat, posent correctement les termes de ce problème, les politiques peuvent-ils se scléroser dans des positions obtuses, fermées et in fine hostiles à la réflexion et au débat ? Lamentable mais révélateur d’un débat politique otage du simplisme et des réactions instantanées. A fortiori que ce n’est certainement pas un débat sur un clivage droite-gauche – mais l’un des plus importants débats de société actuels – il est vrai plus complexe que de simplement s’achopper sur les blockbusters réducteurs et simplistes de la croissance et du pouvoir d’achat…