
Dépénaliser toutes les drogues : Très bien – mais oser alors faire le lien entre les progrès de santé publique et le coup que cela porterait aux trafics et cartels
Selon diverses sources de presse (cf. TSR et Tages Anzeiger) , la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues, de l’OFSP, lesquels travaillent en permanence sur le sujet, préconiserait désormais une dépénalisation totale des drogues. A certaines conditions certes, mais sur la base du constat muri et abouti que les dépendances, aux substances, à l’alcool, au jeu ou autres, ont toutes des racines communes qui ne justifient plus la criminalisation de certaines addictions par rapport à d’autres. C’est une réflexion de santé publique, visant également à améliorer les risques sanitaires autrefois très élevés, et qui demeurent pour partie, de l’absorption de substances fabriquées illicitement et donc sans aucun contrôle ni références de qualité et de dangerosité. Il est vrai que depuis toujours chacun évoquant même simplistement le problème évoque la comparaison avec les ravages de l’alcool et du tabac, et partant l’incohérence de l’argument du caractère addictif et dangereux, ou socialement inacceptable, des drogues. Il est très bien que cette réflexion se poursuive, et dans ce sens, puisque les politiques de cadrage/traitement/réinsertion ont globalement réussi – par rapport à la répression/marginalisation des années 60, 70 et 80. Même si les médias ont relevé le caractère encore politiquement utopique de ces conclusions – il y aura bien un moment où elles cesseront de l’être. La dépénalisation des addictions, soit de la consommation elle-même, produit des résultats sociaux concrets et une diminution des consommateurs dont l’exemple premier est le Portugal. Jamais une ligne en revanche dans ces approches de santé publique sur les aspects de politique criminelle, c’est-à-dire l’impact favorable qu’une dépénalisation pourrait avoir sur les trafics, les cartels et l’activité criminelle liée à la production de stupéfiants de manière générale. Etonnant et regrettable tant cet aspect est pourtant inhérent à l’ensemble du problème.
Comme déjà évoqué sur ce blog, en lien avec le blanchiment (des produits illicites colossaux de la drogue), ou le paradoxe que l’interdiction des drogues leur confère une valeur illicite colossale alors que le produit n’en a industriellement aucune, les trafiquants, des cartels au dealer de rue, sont une menace criminelle et sociale considérable. Pas une semaine ne se passe sans que l’actualité n’évoque le fait qu’au Mexique, la guerre entre l’Etat et les cartels fait des dizaines de milliers de morts, que la corruption par les cartels a permis leur prise de contrôle des autorités dans de nombreuses provinces, et in fine que le Mexique est de ce fait la troisième menace globale de sécurité pour les Etats-Unis après… le Pakistan et l’Iran. Aussi justes les conclusions de l’OFSP et ses travaux soient-ils, il n’est pas possible d’être schizophrène et de traiter le sujet par compartiment déconnectés. Même si l’on comprend bien que les questions de politique criminelle soient multidisciplinaires et excèdent les compétences et le mandat des autorités de santé publique. Pourtant retirer cette valeur qu’elle n’a pas aux drogues serait un coup très important à une activité criminelle qui n’est et ne restera possible que tant que la prohibition subsistera. Dire cela ne règle pas d’autres conséquences dignes d’examen comme le report éventuel de desseins criminels vers d’autres activités illicites, du trafic d’armes à la traite d’êtres humains au piratage de CD et DVD, et le problème philosophique de réguler ou de fournir les drogues à leur population. Mais au même titre que la réflexion et les mentalités évoluent dans le cadre de l’approche de santé publique, il devrait en aller de même en termes de politique criminelle. Parce que la War on Drugs, elle, est bel et bien en train d’être perdue – cela constituant donc une limite au discours moraliste qui en est le fondement.
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