Drogue : La troublante réalité d’avoir fait une valeur illicite colossale d’une non-valeur et le cri du coeur du Président Zelaya

Posté le 24 octobre, 2008 dans actu / news

Allez, pour nous changer un peu les idées de la crise financière, parlons un peu de drogue – nous voterons (en Suisse) dans un mois sur ce sujet s’agissant du chanvre. Le Président Zelaya du Honduras, il y a dix jours, à la réunion des organismes de lutte contre le trafic sous l’égide de l’ONUDC à Tegucigalpa, évoquant cette guerre sans fin et ingagnable, a relancé dans un silence poli l’idée d’une légalisation des stupéfiants. Il a fait valoir une dure et triste réalité connue mais que son pays vit au quotidien : les Amériques sont minées par la violence induite par le trafic, laquelle représente des milliers de morts violentes, des dizaines de milliers de détenus, nécessite l’intervention de l’armée, et menace la démocratie et l’Etat de droit dans plusieurs pays. Certains ne peuvent même tout simplement plus assurer la sécurité publique dans certaines régions.

Il est impossible de traiter sur un blog en quelques paragraphes un problème qui touche à la politique criminelle, à la santé publique, à la moralité, à la sociologie, à la sécurité publique et aux relations internationales. Tous ces aspects sont complexes et sont débattus avec passion à chaque discussion ou votation sur le sujet. Ils ont des prolongements vastes et multiples. L’un d’entre-eux, et non des moindres quant à son impact sur les libertés, que les places financières connaissent bien, est l’incrimination du blanchiment et les normes pénales, d’exception avec renversement du fardeau de la preuve, contre les organisations criminelles.

Un point demeure pour moi frappant et essentiel dans la réflexion, mais constamment absent du débat sur tous ces aspects du problème : la société, par la pénalisation des stupéfiants, a fait d’une non-valeur économique absolue un commerce illicite se chiffrant en milliards de dollars. Cette manne génère directement cette forme de criminalité organisée, en représente le fonds de commerce primaire et lui permet souvent de financer ses autres entreprises illicites comme le trafic d’armes, la prostitution, le racket etc. Avec la violence induite et la puissance financière qui en résultent, elle va jusqu’à représenter dans certaines régions, par la corruption et la violence armée, une menace concrète pour l’Etat de droit et la démocratie.

La production Andine de cocaïne n’est pourtant par exemple que de 1000 tonnes par an. Rapporté à n’importe quelle production agricole licite, par exemple toujours la production mondiale de blé en 2008, de 650 millions de tonnes, ce n’est strictement rien. Le prix de cette « marchandise », serait-elle produite licitement de manière agricole, ou même de synthèse par l’industrie chimique, représenterait une fraction infinitésimale des revenus qu’elle procure aux cartels et organisations criminelles, et partant de la puissance criminelle qui en résulte. A titre indicatif toujours, le prix moyen d’une tonne de blé ces dernières années a oscillé entre… 150 et 300 euros.

Poser la question n’est pas encore y répondre. En faisant cependant une valeur illicite colossale d’une non-valeur réelle, nos sociétés ont littéralement créé un de leurs problèmes les plus aigus et qu’elle ne parviennent plus à maîtriser. Cela laisse à réfléchir et j’ai une sympathie certaine pour le cri du Président Zelaya.         

3 réponses à “ Drogue : La troublante réalité d’avoir fait une valeur illicite colossale d’une non-valeur et le cri du coeur du Président Zelaya ”

  1. David C. dit :

    Des voix prétendent que la crise financière est passée, qu’elle est derrière nous! que nous devons nous concentrer sur l’économie réelle! C’est FAUX!

    Avec tous ces plans fous de renflouement et de sauvetage du cadavre, nous sommes au bord d’une grave crise HYPERINFLATION généralisé.

    Il est donc grand temps de parler sérieusement de la Solution.

    Le système financier est MORT!!! Nous devons le mettre en faillite! et le changer!

    Les citoyens doivent se battent afin que la réunion autour de la crise financière prévu au Etats Unis le 15 novembre 2008 à Washington pose les premiers jalons d’un VRAI Nouveau Bretton woods.

    Cette dangereuse crise doit être utilisé comme tremplin pour l’avènement d’un nouvelle ordre économique juste et mettre fin à la tyrannie des intérêts financiers et de la spéculation.

    David C.
    david.cabas.over-blog.fr

  2. […] l’est d’autant plus que le « coût de production » de la drogue est très bas (cf. ce blog du 24.10.08) – laissant une « marge » importante aux cartels. C’est ce type de péril, pour les […]

  3. […] sur ce blog, en lien avec le blanchiment (des produits illicites colossaux de la drogue), ou le paradoxe que l’interdiction des drogues leur confère une valeur illicite colossale alors que le produit n’en a industriellement aucune, les trafiquants, des cartels au dealer […]

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