
La célébrité Hollywoodienne pour le Tribunal Arbitral du Sport – ou quand il se fait railler par The Good Wife
Ce blog est fan de The Good Wife, excellente série américaine sur les avocats mâtinée de politique et qui cartonne aux Etats-Unis dans sa saison 5. The Good Wife cartonne grâce à un casting d’enfer, une production des frères Scott, Ridley et feu Tony, des scénaristes de premier plan et des histoires juridiques et de procès – dont les Américains raffolent. Une trame politique et familiale dans la durée, plusieurs trames qui reviennent et un sujet par épisode en sont la recette, d’autant plus étonnante que plus d’une dizaine de scénaristes et plusieurs metteurs en scène signent chacun à leur tour un ou quelques épisodes. En tout cas The Good Wife colle-t-il de très près à l’actualité juridique américaine : toutes les problématiques sociétales y sont traitées de manière réaliste et bien vulgarisée avec une narration très fidèle des coups et aléas du processus judiciaire. Bref le top. Et The Good Wife de s’en prendre au Tribunal Arbitral du Sport dans l’épisode 82 de la saison 4 sous le titre « Je Ne Sais What! » – sur un scénario lequel, comme pour chaque sujet, est rudement bien documenté. Touché le TAS ou fiction au trait exagéré ?
Son avocate, la sémillante et récurrente Elsbeth Tascioni ayant été arrêtée pour avoir harcelé un témoin, Alicia reprend au pied levé la défense d’une sportive médaillée dont le sponsor refuse d’honorer un contrat en millions au motif qu’un spot télévisé n’a pas été diffusé. Comme cette absence de diffusion n’est pas juridiquement relevante, voila-t-y-pas que cette sportive est opportunément accusée de dopage – donnant au sponsor le parfait prétexte pour ne pas payer ce qu’il doit. Et Will de défendre cette sportive devant un panel du TAS. La caricature est brutale et drôle : un panel et un président siégeant dans un stade derrière une rangée de drapeaux, qui parlent en français de manière hautaine et nobiliaire, qui s’essuient les pieds sur le Due Process, qui préjugent entre-eux et à haute-voix, et tout cela sur fond de renversement du fardeau de la preuve. Mais cet appel ficelé d’avance de finir en pugilat entre les arbitres pour cause de rivalité entre leurs nationalités sportives. Bref, pas bien reluisant. Fiction et caricatural, certes, mais y aurait-il là quelque chose de vrai, ou de perçu comme tel, sachant que TGW se documente juridiquement si bien ?
Well, le TAS est un grand succès à l’échelle de son existence dans la mesure où il s’est imposé comme une juridiction véritablement spécialisée créant une jurisprudence homogène dans deux domaines où elle ne l’était certainement pas devant les tribunaux étatiques, le dopage et le droit disciplinaire et réglementaire. Pour autant, si l’épisode 82 finit de manière très fictionnelle, le TAS n’est pas exempt de reproches et si c’est la perception que certains en ont, aux Etats-Unis, il serait bon de s’en soucier. La Suisse a bonne réputation et sa neutralité permet d’imposer certains principes et standards juridiques sur lesquels simplement tomber d’accord serait autrement problématique. Il n’échappe pas toutefois à une certaine image de République des copains, d’un vase assez clos aux jugements ficelés, apparence qui est pour partie contredite par sa jurisprudence laquelle n’est dans la réalité pas unilatéralement en faveur des fédérations. Mais le TAS restant tout-de-même in fine « protégé » par les limites et restrictions aux principes fondamentaux du seul recours qui existe en Suisse en matière arbitrale. Nul doute que tout ne serait pas identique s’il y avait un appel avec effet dévolutif complet ou un examen du droit non limité à l’arbitraire. En tout cas, Will, lui, il a pas tant aimé et dans l’épisode 82, il n’avait pas tout tort – avant que Diane et Elsbeth enfin libérée ne fassent exploser les rivalités du panel !