La preuve scientifique du délit de sale gueule – et sur ce bonnes vacances !

Posté le 24 juillet, 2015 dans justice

Dieu sait si les avocats savent combien le droit et la justice sont une science humaine. Et à quel point l’attitude d’un prévenu pendant son procès peut influer sur un verdict ou sur une peine – dans un monde chez nous très judéo-chrétien dans lequel la rédemption a une valeur morale, symbolique et juridique. Mais voilà, selon l’adage, l’on est responsable de la gueule que l’on fait mais pas de celle que l’on a… Le délit de sale gueule tient à toutes sortes de facteurs : apparence, race, soin, manières et… simple physiologie. Pour la police et la justice, le délit de sale gueule n’existe pas – nous sommes tous égaux devant la loi. C’est un non-dit, un non-sujet ou même un tabou – selon. Certainement pas sujet à débat. Pourtant tout le monde sait qu’il existe – seul le sauve d’un constat officiel qu’il n’est pas mesurable ou n’a pas été mesuré. Or voilà chose faite ! et qui le prouve : les prévenus au pénal dont le faciès n’inspire pas confiance souffrent un risque plus élevé de sanctions plus dures.

Cette recherche de l’Université de Toronto s’est apparemment faite sur un échantillon de 700 photos de prisonniers blancs et noirs en Floride soumis à 200 personnes à raison de 100 photos chacune. Le résultat fait assez froid dans le dos s’agissant de la corrélation entre une sale gueule – une personne dont le visage n’inspire pas confiance – et la sévérité des condamnations. Y compris s’agissant de personnes condamnées, parfois à mort, puis blanchies. Cette étude laisse ouverte la question de savoir si, du coup, les personnes ayant une sale gueule sont plus à même de commettre des crimes. Caveat scientifique ou réelle piste ? Cela mériterait aussi d’être étudié – après tout la gueule que l’on a influe sur les relations que l’on peut avoir avec son entourage et avec la société. Mais dans l’intervalle cette étude renforce singulièrement l’existence du délit de sale gueule lui-même. Anecdotique ? Fantaisies ou stupidités empiriques de psys n’ayant souci de la sécurité publique et de la répression des criminels ? Certainement pas. La justice est une science à ce point humaine mais tellement susceptible de broyer et d’injustice que tout ce qui peut contribuer à en révéler et en éliminer les biais, conscients ou inconscients, doit être pris en compte et au sérieux. Bonnes vacances et à bientôt.

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