Parce que l’innovation et l’évolution technologiques et sociales passent par la libre entreprise, nécessitant les libertés fondamentales : liberté d’opinion et d’expression, liberté de recherche, d’investissement et de financement, et garantie de la propriété. Dans les États autoritaires, les facteurs empêchant la libre entreprise sont multiples : corruption, confiscation des richesses et des idées, absence de propriété intellectuelle ou de sa protection concrète, et formalisme administratif lié à la nécessité du pouvoir de contrôler la société civile. L’esprit d’entreprise n’y a aucune chance – au-delà du commerce de biens courants. La presse occidentale titre régulièrement que Xi et Poutine « se battent « pour un nouvel ordre mondial« . Mais un ordre de quoi ?

De l’absence de démocratie et des libertés ? Un ordre mondial différent du libéralisme et de son « impérialisme » ? Mais le libéralisme ne menace personne – sinon les régimes autoritaires par son réquisit d’État de droit. Cent-cinquante pays jouissent des libertés fondamentales, de la démocratie et de l’État de droit à des degrés divers – sans être une menace pour quiconque. La vérité est crue : outre la négation de l’individu par la négation de ses libertés, les dictatures et les régimes autoritaires paupérisent leur pays et leur population. La Chine et la Russie se distinguent certes à de nombreux égards. La première est une puissance industrielle que la seconde ne sera jamais. La seconde a laissé une minorité de voleurs s’enrichir alors que la première a réalisé un premier partage du produit du travail – lequel a créé une classe moyenne dont l’appétit pour les libertés pose maintenant un problème au régime. Ce régime se referme et se durcit – ce qui portera atteinte à sa prospérité.

Mais de dire que des États qui ne consacrent pas les libertés d’opinion et d’expression puissent vouloir constituer un « nouvel ordre mondial », désolé mais on repassera. Cela rappelle le temps où certains affirmaient (par pur intérêt) que la démocratie ne conviendrait pas à l’Afrique. La suppression ou l’empêchement des libertés vise toujours à maintenir le pouvoir et la richesse de ceux qui l’ont. Ce pouvoir peut être politique, religieux ou déguisé comme tel, tribal ou issu du crime organisé, de la corruption ou de la prévarication. Le monde de demain sera bi-polaire – mais pas de la manière décrite. Les États de droit démocratiques continueront à être libres et prospères, stables et sûrs. Les autres constitueront un nouveau tiers-monde instable et belliqueux jusqu’à ce que d’éventuelles révolutions leur rouvrent la porte du premier.