L’ÉTERNEL FAUX SPECTRE DE LA GUERRE FROIDE

Posté le 15 février, 2022 dans actu / news

Chaque fois que Poutine bande ses muscles et le houspille, l’Occident retombe dans le piège : s’alarmer, lui répondre, menacer – et pour partie se diviser. L’Occident officiel, politique, âgé, celui qui est aux commandes, car les jeunes, ceux qui n’ont pas connu la Guerre froide, en Russie comme en Europe, s’en moquent, et qu’ils ont de toutes autres aspirations sociétales qu’une guerre absurde et prétextuelle. Bref, tout le monde en a marre, et de ces vieilles postures. Décodage.

Poutine sait que, promesses non-tenues ou de l’ordre de la légende, l’Occident ne lui concèdera pas de ne plus élargir l’OTAN. Et il sait que ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il sait qu’il en faudrait beaucoup de sa part pour que l’Occident se coupe de son gaz, et que ce dernier sera divisé sur ce point aussi. Il sait qu’il ne peut aller trop loin, qu’une guerre d’occupation de l’Ukraine serait illusoire, que les Russes n’en veulent pas non plus, et que les sanctions qui l’accompagneront obéreront ses seules rentrées de devises et mettront son pouvoir en péril. Or c’est de cela seul qu’il s’agit : son pouvoir. Poutine ne craint pas pour la « sécurité » de la Russie. Il sait qu’elle ne risque rien et que c’est un prétexte. S’il le prétend, et provoque régulièrement ses « ennemis », c’est pour entretenir la peur, la tension, une crise et son rôle de défenseur de la nation qui occupent le terrain politique intérieur et extérieur. Le péril pour lui, c’est une période sans crise qui entraînera, comme dans les pays du Pacte de Varsovie et en Ukraine, même si avec d’inévitables hoquets, l’appel des libertés, de l’État de droit et de la démocratie. Et de la prospérité qui les accompagne.

Si cet appel d’air se produit en Russie, Poutine tombera – ce qu’il sait. Pour preuve la garde prétorienne de quatre-cent mille hommes qu’il a levée il y a quelques années pour la seule protection de sa dictature, plus de quatre fois supérieure aux soldats qu’il agite près de l’Ukraine. En imposant un régime autoritaire, il s’est condamné à fonctionner sur ce mode : effrayer pour survivre et demeurer le méchant de la Guerre froide – au prix de maintenir la Russie à un PIB à peine supérieur à celui de l’Espagne. Et s’est condamné à réprimer toute percée démocratique en l’étiquetant de tentative extérieure de déstabilisation. Il sait que les leviers ont de part et d’autre un très court débattement – mais ce qu’il gère au mieux. Ce n’est donc pas l’Occident qui crée cette situation, mais bien que Poutine préserve son régime face à un seul réel ennemi : la démocratie. Biden alarme et énerve aussi son monde lorsqu’il annonce que l’invasion de l’Ukraine est imminente, mais il prend Poutine à son jeu – lequel ne cillera pas et désescaladera juste ce qu’il faut jusqu’à la prochaine fois.

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