Buzz planétaire ainsi dans le domaine du ski : Lindsey Vonn, quadruple vainqueur de la Coupe du Monde etc., a envie de concourir avec les hommes sur la descente de Lake Louise. Et tout le monde d’y aller de son couplet : est-ce que les règles le permettent ou l’empêchent, peut-il y avoir une exception ou « wild card », avec quel dossard – puisque l’ordre de départ, chèrement acquis par ses performances, importe en termes de résultat, avantage indu chez les dames si elle court à nouveau sur cette piste le week-end suivant, c’est la plus facile de la saison chez les hommes, etc. Certains sont sceptiques, ricanent. D’autres estiment que ce serait magnifique pour le show et l’attrait médiatique du ski en Amérique du nord et ailleurs. La fédération américaine soutient désormais officiellement la démarche, que la FIS doit apparemment examiner les 4-5 novembre. Quoi qu’il arrive, Lindsey a déjà gagné – le buzz. Décomplexée comme le veut le sport marketing américain, son site web titre en substance « Qui peut battre Lindsey Vonn cette année ? » – ce qu’aucun athlète européen n’oserait. Si elle est ainsi admise, buzz planétaire. Si elle se place bien, plus encore. Si elle se place mal, pas catastrophique ce sera finalement normal. Si elle n’est pas autorisée life goes on – avec des centaines d’articles de presse cet automne dont ses sponsors sont ravis. Mais au plan juridique ?
La FIS est une association de droit suisse régie par les minimalistes articles 60 et suivants du Code Civil suisse. Des règlements sportifs peuvent-ils prévoir valablement de catégoriser obligatoirement hommes et femmes ? Y a-t-il là une discrimination horizontale dans des rapports de droit civil qui pourrait être considérée comme illicite ? Laisser du coup les femmes qui le veulent concourir avec les hommes – mais pas l’inverse ? Faire trois catégories dont une mixte à choix ? Nous verrons bien comment tranche la FIS, sûrement eu égard à des considérations concrètes et sportives plus que strictement juridiques. Et nulle prétention d’hasarder une réponse – mais le problème juridique de la protection contre les discriminations entre particuliers est un vrai et très intéressant sujet – et d’avenir (cf. p. ex. article de Martenet dans la RDS 125 (2006) cahier 4).