New-York. La ville est resplendissante, sûre, propre et prospère. Son Maire, Michael Bloomberg, est très riche – mais comme Schwarzenegger son mandat n’aura aucune influence sur sa fortune, lui permettant de gouverner selon ses convictions et pour en principe le bien commun. Pendant ce temps le Procureur Général Preet Bharara continue à pourfendre – efficacement – les criminels économiques. Comme ses prédécesseurs Giuliani, Spitzer et Cuomo d’ailleurs. Les deux premiers sont tombés de leur carrière politique subséquente pour des affaires – privées – de cœur et de mœurs. Le troisième, gouverneur de l’Etat, vient d’être mis en cause pour trafic d’influences – ayant engagé dans ses services des fils de donateurs de sa campagne. Il n’en reste pas moins que la société civile américaine est libre, démocratique et ouverte et que cela se voit. Un Etat de droit en dépit du fait que les Kinder Surprise y sont interdits mais pas les armes automatiques, des White Supremacists et d’un lobbying parlementaire qui est au bout de son modèle. A Boston, les auteurs identifiés et mis hors d’état de nuire après une efficace et filmique chasse à l’homme, la morale américaine est respectée et la suite des nouvelles de l’attentat est repassée en page 20. Le véritable éclaircissement sera, dans la durée mais sans plus être front page, ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné dans la coopération avec la Russie sur ce front de la lutte contre le terrorisme. Comment cela s’insère dans le compliqué écheveau des relations américano-russes actuelles. Ce que le FBI et la CIA ont fait juste ou faux sur la base des informations qu’ils possédaient. Et ce qui peut ou ne peut pas être fait dans un Etat de droit contre celui qui est suspect de mauvaises intentions sans avoir encore commencé à passer à l’acte.
Les relations américano-russes ne se portent pas bien en effet. Les Etats-Unis sont déçus de la dérive autoritaire de Poutine et du déficit de démocratie en Russie – et le disent. La Russie est vexée d’être critiquée et battue froid, et que l’occident se mêle de sa politique intérieure. Et avec le zeste de Schadenfreude d’avoir bien dit au monde que le fait que les rebelles tchétchènes et autres daguestanais constituaient une menace terroriste n’était pas seulement l’alibi de leur intervention impérialiste. Ces relations ont un grand nombre de tiroirs d’importance inégale allant de la Syrie à l’Afghanistan à la récente et inédite liste Magnitsky. Mais un élément reste important dans les limites actuelles à une coopération policière : là où des services de renseignements coopèrent lorsqu’ils y voient leur intérêt en dépit de leurs différences, le FBI a une méfiance prononcée pour l’appareil policier russe vu son état endémiquement corrompu. Une manifestation a eu lieu en Russie y compris à la télévision sur le thème (enfantin) « même pas mal » se gaussant de la liste Magnitsky. Ce n’est-là pourtant que propagande et vexation car que tous les dignitaires russes ont besoin des circuits financiers externes à la Russie pour conserver la main sur leurs avoirs vu leur absence totale de confiance dans leur propre système dans lequel disgrâce équivaut à privation de tous droits et ressorts judiciaires.
Et Paris ? A Paris de bien autres préoccupations. Les politiques jouent à celui qui sera le plus pauvre, comme si la vertu se mesurait à cet aulne et qu’il y en avait une à vivre toute sa carrière d’argent public avec la dépendance électorale et au système que cela crée. Un Michael Bloomberg maire ou ministre y serait juste inenvisageable. Le programme en est toujours à vouloir ponctionner plus ou faire fuir ceux qui entreprennent et prennent le risque d’une activité économique – pour faire vivre ceux qui reçoivent et ceux qui administrent sans contrainte de marché ni d’efficience. La liste annuelle de Bilan des entrepreneurs français exilés en Suisse, et l’addition du poids économique des entreprises qu’ils possèdent, est plus édifiante que tout discours – sans compter ceux qui sont partis ailleurs qu’en Suisse. La morale fiscale du toujours plus a pris ainsi rang de dogme écartant toute discussion sur la destruction de la création de valeur ajoutée et de croissance qui en résulte. Le secret bancaire est devenu l’ennemi commun extérieur commodément responsable des maux intérieurs – alors qu’il n’est que l’expression d’un mal strictement endogène. Et personne pour se demander ce qui se passera réellement quand l’appareil productif sera mort étouffé par la charge – et les baisses de dépenses devenues inférieures aux baisses de recettes qui résulteront nécessairement de cette politique. Drôle de monde. On part où ? New-York, Boston, Moscou ou Paris ?