
NO ACCOUNTABILITY IN SWITZERLAND – SUITE
Le procès de Pierin Vincenz, à teneur des comptes rendus de presse, est étonnant – ou peut-être finalement pas. Ce blog a souligné que la statistique pénale et réglementaire suisse en matière d’opérations d’initiés et autres coquineries pour compte propre est indigente. Non parce que la Suisse est un pays vertueux, mais parce que les autorités n’en ont pas la compréhension, ni n’ont la culture ni les moyens de les détecter et de les poursuivre. Ce blog a aussi souvent souligné l’absence culturelle d’accountability qui permet aux élites suisses de faire des bêtises graves, allant jusqu’à mettre une banque systémique par terre (au coût de la collectivité), avec comme pire sanction de devoir s’en aller en conservant salaires élevés et bonus. Pour cela, son arrestation et sa détention pendant plusieurs mois étaient un coup de tonnerre dans le landerneau : ce devait nécessairement être grave.
L’impact que de tels comportements ont sur une entreprise, et sur tous ceux qui œuvrent dur et fidèlement à sa bonne marche aux échelons inférieurs, est désastreux et dommageable. Les disputes de chiffonniers de plus hauts dirigeants de grandes banques, leur insoumission aux règles générales, le fait qu’ils créent des risques qui se réalisent en milliards à cause d’une surveillance défaillante, d’une culture de risque et d’une politique de bonus, sont dommageables. Notamment pour les actionnaires – dont vous et moi par la LPP. La jurisprudence prud’homale et pénale est fournie de cas dans lesquels de malheureux travailleurs perdent leur emploi pour justes motifs, et/ou sont condamnés pénalement, lorsqu’il manque quelques milliers, centaines voire dizaines de francs dans la caisse. Avec des considérants sévères. Mais Pierin Vincenz de plaider non-coupable pour des notes de frais libatoires et frais privés en centaines de mille. Idem quant à retirer des profits privés d’opérations mises en place pour et par son employeur. Le tribunal, et le public, apprécieront.
Reste la défense largement axée sur le fait de gloire d’avoir amené une banque de paysans à la 3ème place du marché. La success story du banquier montagnard pieds sur terre et aux bras noueux. Elle ne manque non plus de choquer. Cela n’excuse ni ne justifie rien. C’est in fine une double insulte à tous ceux qui, une grande entreprise étant une équipe, ont confectionné cette stratégie, qui n’est jamais le fait d’un seul homme, puis l’ont déployée et fait réussir. Pierin Vincenz est présumé innocent et libre de son système de défense. Ce dernier semble toutefois, comme lui, ancré dans cette culture suisse d’absence d’accountability et de quelconque introspection.