
Justice et finance : L’indigente Cour d’Appel du Luxembourg dans l’affaire Madoff
La justice a plusieurs visages. De l’ancien visage régalien, dur, rigide, hautain, détenteur de la puissance concession du Prince au peuple, à celui aujourd’hui de service public, de prestation de l’Etat de droit au citoyen-justiciable-contribuable, à qui elle doit diligence et indépendance. Indépendance pour s’abstraire de la connivence naturelle entre ceux qui détiennent le pouvoir, c’est-à-dire avec les puissants et les deux autres pouvoirs. Sans indépendance réelle, la séparation des pouvoirs, et avec elle la Justice, n’est pas réalisée. Diligence car elle lui doit d’être fiable, précise et décemment rapide. Bref, concrète et effective, comme le consacrent les Constitutions modernes et la CEDH, dont participe le principe de célérité. Ces réquisits sont constamment essentiels – y compris en matière financière : les instituts financiers ont la puissance du fait de détenir et d’instrumenter l’argent, et c’est l’exécutif qui les régule et les surveille. Dans cette ligne, la qualité d’une place financière se mesure à sa sécurité juridique, à la réalité de pouvoir y déduire en justice les prétentions qui résultent de la loi ou du contrat. Que dire alors de la Cour d’Appel du Luxembourg qui met quatre ans et deux mois pour rendre un malheureux arrêt dont la ratio decidendi ne fait pas même vingt pages ? Et dans une affaire sur laquelle l’attention est braquée s’agissant des conséquences de Madoff ? Cette indigence, cette défaillance, personnelle des juges Linden, Weyrich et Stirn et collective de l’institution, et du ministère de tutelle, laisse sans voix d’indignation : elle est injustifiable. … suite