M. Parmelin, ministre, et l’UDC, ont récemment haussé les épaules face à la mise à l’écart de la recherche européenne : bah, nous conclurons des accords avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Or cette réponse est affligeante. Se priver des échanges en matière de recherche avec notre plus important partenaire, le plus proche culturellement, est une catastrophe. Le Royaume-Uni ne compte pas en la matière (et commence à réaliser le coût gigantesque du Brexit), et les Américains sont un concurrent économique de l’Europe qui s’est aussi unie pour cela. La Suisse doit faire attention car sa politique européenne a des implications qui vont au-delà des prés-carrés qu’elle défend. Dans certains pays, la démocratie est attaquée par des populistes roulant en réalité pour une caste conservatrice possédante. Le monde arabe s’en éloigne et les pétro-monarchies restent des États féodaux. Les « strong men » sont difficilement délogeables. Les États voyous (ou plutôt leur régime) – Russie, Iran, Corée du Nord – le restent. Et la Chine reste aussi la Chine.
Dans ce monde compliqué pour la démocratie qui elle seule consacre les libertés et les droits humains, l’Europe est un phare et une boussole qu’il faut louer et soutenir (et peu important qu’elle soit perfectible). La politique suisse a passé vingt ans à expliquer à son peuple que nous allions très bien hors de l’UE, et que les accords existants suffisaient, pour maintenant dire à l’UE que politiquement, le peuple suisse n’est pas mûr. L’UE, elle, est sur sa ligne : aucune raison de séparer la recherche du reste, et elle a raison. Les politiciens suisses sont irresponsables car les retards ne se rattrapent pas et les dégâts ne se chiffreront que dans des années. Le coût de l’immobilisme européen de nos dirigeants de manière générale sera un multiple des intérêts qu’ils auront prétendu vouloir sauvegarder.