
S’AFFRANCHIR DE L’HUMAIN ET SUPPRIMER L’IMPÔT
Qu’est-ce que cela a à voir ? Vous verrez. Les robots sont partout. Ce blog en a parlé, comme aide ou succédané d’avocat. C’est-à-dire comment la machine, qu’elle ait une tête de machine ou, par anthropomorphisme, d’humanoïde, pourra, par la programmation, la puissance de calcul et d’analyse statistique, trouver des réponses à des questions de base ou affiner la réponse à des questions complexes. Mais aujourd’hui, les robots sont annoncés partout. Remplissant plus de tâches encore dans l’industrie, mais désormais dans les services, la maison, et comme interface vocale ou numérique avec le consommateur, sous forme de « bot ». L’homme vise, par fascination pour la technologie, qui a toujours été moteur de progrès, ou par nécessité d’efficience économique, à remplacer toujours plus d’activité humaine par de l’activité synthétique. La révolution industrielle 4.0, qui désœuvrera une large part de l’humanité, pousse l’homme à se repenser : comment ceux qui ne feront plus pourront-ils gagner de quoi consommer ce que feront les robots ? Quelle sera la place de chacun, des « improductifs » ? Certains possèderont-ils des robots comme jadis des esclaves, comme source de revenu ? Comme qui possède un outil ou une machine. Ou encore les robots auront-ils des droits ? Au danger économique et sociétal s’ajoute le danger philosophique de s’affranchir de l’humain pour nombre de tâches et interactions qui les unissaient. Déprimant que les milliers d’hommes parlant sur des chats érotiques ne sachent pas qu’ils parlent à des machines. Ou que la vitrine d’un sex-shop ne montre plus que des dildos USB lisses et design comme un magasin de téléphones portables, plus rien qui ne ressemble à la chose et preuve supplémentaire que même le plaisir et sa fantasmatique s’affranchissent du réel. Et ce qui pose la question de l’impôt – faudra-t-il taxer les robots, ou leur activité ?
Le Pr. Oberson ne l’excluait pas – si, comme une personne morale, il crée du revenu ou de la valeur ajoutée. Mais ce qui, du fait de la révolution 4.0, doit amener à repenser toute la fiscalité. Le rapport entre les économiquement productifs et improductifs va évoluer. Faire supporter aux uns le coût de la société et des autres deviendra insupportable, illégitime et dépassé. L’utilité de chacun sera redéfinie sans plus de lien avec la capacité de gain capitaliste actuelle. Empilage de couches résultat du temps et des arbitrages politiques, la fiscalité est insupportablement complexe. Directe ou indirecte, elle nécessite une administration improductive, lourde et coûteuse. Les failles et injustices demeurent nombreuses : UBS, Starbucks et Donald Trump paient un taux d’impôt inférieur au vôtre et au mien. Anormal que la déclaration d’impôts d’un cadre fasse 180 pages en Italie ou aux USA, qu’ils reçoivent leur bordereau trois ans plus tard, et que la majorité des Suisses retraités ne puissent remplir la leur seuls. Droite et gauche ne s’entendront jamais sur les impôts directs/indirects. Reste la taxation des seuls flux financiers – et l’initiative sur le RBI aura servi de louable laboratoire. La taxe Tobin se voulait remède à des maux, la spéculation sur les taux de change et leur volatilité, et donc facteur de stabilité. La taxe Attac se voulait aussi lutter contre la spéculation, excès du capitalisme, ses recettes affectées à des projets sociaux. Une vraie taxe unique sur toutes les transactions financières sera la seule solution, prélevée automatiquement, sans plus de déclaration, contrôle, fraude, ou déductions ou taux multiples. Le prélèvement sera sensible, mais vivable, et juste car directement corrélé au commerce, à l’investissement, aux dépenses privées, mais en échange de la suppression de tout autre impôt, direct ou grevant les transactions commerciales. Rendez-vous dans quelques années.