TOUT CECI N’EST QUE MUSIQUE ET LITTÉRATURE

Posté le 3 janvier, 2022 dans divers

Springsteen, le fils de prolétaire du New Jersey, a vendu ses droits à Sony, donc au grand capital, pour 500 millions de dollars. Une des incarnations du rêve Américain. Et le « Boss », à l’audience essentiellement blanche, de se livrer à une chouette série d’entretiens avec le « President », Barack Obama. Mais à l’autre bout de l’échelle, l’auteure compositrice interprète d’Anchorage Michelle Shocked s’est battue en justice pour récupérer ses droits. Elle vend toute seule ses albums 250$ sur son site. Plutôt que de toucher ces mêmes malheureux 250$ pour 20’000 écoutes en ligne – le profit allant aux Spotify, Apple & Cie. Les inégalités, c’est aussi là : 0,01% des artistes touchent 90% des revenus du streaming. Les autres s’en accommodaient car il leur apportait des spectateurs au live, donc des cachets. Que le Covid a tués pour le moment. Ils se meurent, et leur modèle économique. A suivre mais pas fin.

Se balader en librairie est marrant – ou peut-être pas. « Jeanne se remettait de la mort de sa mère et d’un épouvantable divorce quand sa fille lui annonça qu’elle ne lui parlerait plus jamais. Ayant traversé de telles terribles épreuves, seule la compagnie improbable d’un cheval et d’un mendiant la ramèneront sur le chemin de la vie. Un récit poignant. » Je pose : la névrose et les épreuves des autres, c’est bon. Ah, un roman d’Hendryk Dupønk (en fait c’est Henri Dupont mais pour vendre c’est mieux de sonner scandinave) : « Perplexe, le commissaire Bråd regardait le cadavre de femme décomposé que la mer avait rejeté sur la plage. Birgit Åmsen disparue il y a six mois de son lycée ? Une victime inconnue pour faire croire à Birgit Åmsen ? » Je pose : le flic nordique qui balade de fausse piste en fausse piste tirées par les cheveux pendant 500 pages, c’est bon aussi. Et le vaudois taciturne du terroir  « coup de cœur local du mois » qui va me bassiner les 120 pages d’une nouvelle scolaire et appliquée sur la solitude magnifique des nuages et des pluies des forêts du Jura, je pose aussi. Soupir. Je vais quand même pas me retaper un 23ème Ken Follett ou un Stephen King, merde.

Le monde de l’édition est une découverte étonnante. Artisanal en diable, pour ne pas dire moyenâgeux. Avec ses sincérités et ses contradictions. Les (trois) grosses maisons sortent les grandes signatures mais qui fluctuent énormément. Et balancent un flux continu de nouvelles choses pour faire à chaque fois un peu de chiffre, occuper le terrain – les libraires prennent – et ne pas risquer de rater le prochain gros coup. Et la pompe marche. Le reste, des dizaines de moyennes et petites maisons qui écoulent quelques dizaines de titres pour gagner chichement sur x fois des centaines ou parfois quelques mille, et taper un peu plus fort de temps en temps avec un truc bien. Et ceci de créer la pléthore dans laquelle se retrouver n’est pas simple, ni la qualité assurée. Mais peu importe : le système tourne et il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs – permettant à nombre de titres d’avoir une chance là où cela n’aurait pas été possible auparavant. Mais faut bien chiner et accepter d’être souvent déçu.

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