UNE GUERRE – POUR FAIRE ÉVOLUER LE DROIT DE LA GUERRE ?

Posté le 4 mars, 2022 dans actu / news, droit / law

On espérait ou ne pensait plus cela possible : que des gosses mal préparés, à qui on a menti en leur disant qu’ils allaient le libérer, qu’ils seraient accueillis avec des fleurs, ou à qui on ne l’a même pas dit, soient envoyés sur un front absurde pour envahir et détruire un pays tiers. Mais il se passe ce que l’on ne pensait pas non plus possible : que certains se rendent sans combattre, et sabotent leur propre matériel pour ne pas aller plus loin. Honneur à eux : leur vie individuelle vaut plus que les plans d’un tyran – ou de quelque gouvernement que ce soit. Or, laissant de côté le caractère incroyable de ce qui se passe en Russie – dictature, contrôle de l’information, empêchement de la libre formation de l’opinion, mensonge d’État permanent – ce qui précède relance l’idée que la conscription, sans laquelle aucune guerre d’envahissement ne serait possible, n’est plus acceptable. Qu’elle est en réalité et d’ores et déjà contraire aux Droits de l’Homme.

Ce blog avait exprimé cette vue en 2018 : obliger, par la loi, à être enrôlé, à aller combattre, à aller tuer ou être tué, contre son gré, viole la CEDH en son texte actuel. Audacieux ? Illusoire ? Et toujours la même objection que la conscription est aussi nécessaire pour se défendre ? Qu’il y aura toujours des guerres civiles, ou à combattre par une armée « légitime » ? Qu’il faudra toujours pouvoir rétablir l' »Ordre » par la force ? Mauvaises réponses. La guerre actuelle est économique et cybernétique. Et si toutes les guerres ne seront pas évitables, les guerres d’envahissement le sont. La globalisation a des défauts mais présente l’avantage, ce qui n’était pas le cas dans les siècles précédents, d’impacter drastiquement celui qui en est exclu. Il est envisageable d’ostraciser un État qui lève une armée d’envahissement en amont de son utilisation. Il est envisageable d’intervenir en amont des effets de la dérive autoritaire, d’ostraciser un État qui glisse de la démocratie vers l’autocratie. Bref, prévenir plutôt que guérir.

Cela nécessite certes de s’affranchir de l’intérêt, généralement l’intérêt économique à commercer avec de tels États, ou de dépendre de leur énergie, de leur marché intérieur (« la corde pour les pendre »), ou de leurs matières premières. Mais dans la 3ème décennie du 21ème siècle, il est politiquement anormal, dans un monde global, d’en arriver à devoir risquer une guerre mondiale, ou d’avoir à guérir et réparer les effets de dérives telles que celle de Poutine, plutôt que de les prévenir. La descente vers la situation actuelle a été lente, visible, évidente, prévisible. Elle a des précédents dans l’histoire. Dans un monde global et régi par les technologies de l’information, il doit devenir possible de l’empêcher. Vaste programme – à probablement encore long terme. Mais qui passe déjà, pour éviter de telles guerres, par la mise hors-la-loi de la conscription. Par un arrêt à venir de la CourEDH ? Il le faut.

imprimer cet article | Envoyer à un ami | Commentaires fermés sur UNE GUERRE – POUR FAIRE ÉVOLUER LE DROIT DE LA GUERRE ? | RSS

laisser une réponse